Une fois de plus, le président de la république ne sera pas une présidente. Certains esprits retors pourraient argumenter qu'à quelques points près, la justice divine allait enfin rétablir la parité. Il n'en sera pas ainsi, grâce aux deux. Et ça nous fait de la pen. A dire n'importe quoi, à vivre dans l'insouciance, nos compagnes risquent bien de perdre leur gentillesse naturelle. Et elles en sortiraient grandies.

     
extrait de: L'attaque de la femme de 50 pieds, avec Daryl Hannah. 1993
              

A l'heure de la mixité et des quotas en politique, apparaîssent des wagons féminins dans le métro de Rio (de Janeiro), au Brésil. Ce qui sous-entend qu'il existe encore des wagons mixtes. Poussant le raisonnement un peu plus loin, que penser des femmes qui empruntent ces wagons ? Qu'elles n'ont pas froid aux yeux (?), qu'elles n'ont vraiment pas le choix, ou que les sites de rencontre sont surchargés (par les hommes) ? Cette ségrégation avait déjà commencé lors de la création des toilettes pour femmes. En effet, ce lieu est vite devenu un mystère, une terra incognita, un lieu propice aux fantasmes masculins. Franchir la limite sera donc gravement puni. Dominique Strauss-Kahn, le satyre bien connu, aurait franchi la ligne jaune en s'invitant à l'anniversaire de Julien Dray (son pote) fin Avril, faisant fuir Ségolène Royal, estimant avoir été piégée. DSK le monstre,  toujours sous le coup d'une inculpation pour "proxénétisme aggravé". Qu'on écarte d'un revers de main, ces propos n'ayant pas plus de valeur que des tags de sperme sur la moquette d'un hôtel New-yorkais.

A l'heure de la révolution des moeurs, de la découverte de l'oeuvre littéraire d'un Giacomo Casanova, des Desperate Housewives, des images et des mots du sexe étalés dans tous les médias, on constate que la moralité et la bienséance n'ont pas perdu un pouce de terrain. Le sexuellement correct est un corollaire du politiquement correct. La sexualité des hommes et femmes politiques, pourtant de l'ordre de la vie privée, s'invite systématiquement dans le débat. "Il est hors de question que je rencontre de ma vie, Dominique Strauss-Kahn, au nom du respect des droits des femmes et de leur dignité". Nafissatou Diallo ? non, Ségolène Royal, solidaire. 

Solidaires. Ni putes ni soumises, on est bien d'accord. Le corps des femmes n'est pas une marchandise, et le viol est bien un crime. Il n'y a donc aucune raison de continuer cet article. Tout est dit. Sans déconner ? Il y a bien des circonstances où la règle ne s'applique pas ? La guerre en est une . Pour la simple raison que les violeurs sont des envahisseurs et qu'ils se battent pour une noble cause. La leur. Donc les femmes violées d'un pays en guerre ne peuvent pas faire un procès et prouver leur bonne foi grace aux caméras de surveillance. Les violeurs n'ont donc aucun soucis à se faire, le geste étant alors collectif, et nié énergiquement par le supérieur hiérarchique, même pas au courant...

Consentement. L'envahisseur quand il n'envahit plus se trouve forcément désoeuvré. Il s'est approprié la loi en vigueur pour mieux la piétiner. Il n'y est donc plus soumis, et peut à sa guise disposer de la population conquise. Le viol serait une arme de guerre. Envahir un pays, massacrer l'ennemi, torturer les prisonniers, humilier les vaincus, exigent courage et détermination, voire de la stratégie et surtout une cause à défendre. Ainsi, le viol ferait partie de la stratégie ? Une arme de guerre là où d'ordinaire on utilise les armes de la séduction ? Plus besoin du consentement dès lors que les femmes du pays voisin sont assimilées à l'ennemi. Depuis l'aube de l'humanité, les mâles violent les femelles de la tribu voisine. Au fond de notre cerveau reptilien il y a bien un petit coin qui est à l'origine de ce comportement. Ou dans notre inconscient, c'est selon, bien refoulé. Un autre endroit, plus costaud, nous empêchant d'agir comme le primitif que nous ne sommes plus. Paradoxalement, la "révolution sexuelle" n'a pas fait sauter le couvercle, et les tabous demeurent. L'évolution s'est faite sur les conditions du consentement. Cet instant fragile, cet accord tacite, à l'origine de la grande majorité des unions entre "adultes consentants" justement.  Les femmes disposent de leur corps, et tout le monde est d'accord. Sauf quand il s'agit de le vendre. La prostitution est condamnée par les féministes, qui disposent de leur corps. La loi interdit le racolage passif depuis 2003. Heureusement la loi autorise ça.

     Aubade"Tester ses résistances" 

         

Le consentement peut-il se faire uniquement sur les tarifs ? Un débat qui n'en finit pas. La poule et l'oeuf. Pas de prostituées, pas de clients. Ou bien pas de clients, donc pas de prostituées. Le plus vieux métier du monde s'apparente-t-il à de l'esclavage, à du trafic de chair humaine, ou y-a-t-il parfois un choix assumé d'une adulte ? A partir de quelle longueur la jupe fait tomber celle qui la porte dans le cadre du racolage passif ? La journée de la jupe bientôt hors la loi  !

Au fond des bois. Où il est question des"résistances". Un fait divers de 1865, déniché par Marcela Iacub, juriste et chercheuse au CNRS, chroniqueuse à Libé (A contresens). Joséphine, 25 ans, fille de médecin, fait une fugue avec un vagabond, Thimotée, qui prétendra lors de son jugement l'avoir violée, et séduite par l'hypnose. La jeune fille de "bonne famille", c'est Isid le Besco dans le film de Benoit Jacquot, Au fond des Bois(2010). Fasciné par la jeune femme (comme le spectateur ? comme Jacquot, son compagnon du moment ??), le "sauvage" l'entraine loin de la civilisation, dans les bois. Une courte relation passionnelle, animale et intense, va se jouer entre les deux amants. Le film de Jacquot, parfois déroutant, ne prend pas parti : Qui mène le jeu ? Le pervers ou l'hystérique ? L'hypnose avancée comme mécanisme à l'origine du consentement de Joséphine ?

            isid le Besco

Un film sur le regard. Des instants de connivence, des ébats enfantins, deux Hors la loi en cavale, loin des regards du monde, là où tout est permis. Le désir exacerbé par l'exaltation que procure cette sorte d'évasion. Courir ensemble, et nus, dans la même direction, loin des conventions. Mais les jeux sont faits, le désir mis en pièce à l'aune de l'échelle sociale. La bourgeoise abusée par un vagabond. La justice va trancher en le condamnant à la prison pour viol. Mais pas seulement : la manipulation par l'esprit, la suggestion, sont retenues comme circonstances aggravantes, évacuant ainsi l'aspect avilissant de ce désir, impensable entre ces deux êtres.

Désir et consentement sont donc les fragiles signaux qui autorisent une liaison, même éphémère. S'il manque le premier, c'est de la prostitution. S'il manque le deuxième, c'est du viol, au mieux du harcèlement. Je sais, vu comme ça , c'est un peu simplet, mais c'est peut-être la raison de l'annulation de la loi sur le harcèlement, ces derniers jours. 

Prostiputes. Le consentement sans désir apparente les femmes qui s'y conforme à du "matériel"(selon DSK). "La distribution générale des êtres en spirituels et en matériels fournit la sous-division des trois branches générales", écrit d'Alembert dans le discours préliminaire de l'Encyclopédie. Dialectique un peu naze, mais tentante. Le terme populaire consacré n'est pas matériel, mais "putes", mesdames et messieurs. Et s'il était apparu au détour d'un essaimesse, ç'eut été plus difficile à citer. "matériel", même La Croix peut oser le gros mot. "Pute", ça réduit le champ des canards (et pas le chant des canards !) prêts à publier, mais ça aurait pu décupler le nombre des indignés

         appolonide 2

Les souvenirs de la maison close, l'Appolonide, sont le prétexte à une série de sketches mettant en scène les prostituées d'une Maison parisienne aux alentours de 1900. Le parti pris est d'abord esthétique. Il n'y a aucune démonstration. La préparation, le maquillage, l'habillage, devant le miroir, font référence aux acteurs dans leur loge juste avant la représentation. Car il s'agit bien d'un rôle de composition. Chacune des femmes s'attribue un caractère, une identité, propres à stimuler le choix des clients. Une mise en scène où le corps en valeur est bien une marchandise. Faire marchandise de son corps dont le sens est distinct du commerce de l'autre sexe. Les rapports amoureux (au XVIIe siècle) se nomment le commerce, terme qui concerne surtout la dimension d'échange de l'acte. 

Puisque la morale et les moralistes achoppent sur certains termes, que la critique et la censure poussent des cris d'orfraie sur les mots et les images (Sleeping Beauty a été interdit au moins de 16 ans à sa sortie), voici une petite leçon de vocabulaire :

"Le plus vieux métier du monde.. est censé garantir l'ordre sexuel, dont l'ordre social. Il est exercé par les filles publiques, par les filles de joie, qui forment une corporation très hiérarchisée. Les filles en numéro, les filles en carte, les filles de barrière, les pierreuses ou femmes de terrain, les filles publiques, les femmes de brasserie sont des filles "soumises". Toutes ces appellations datent du milieu du XIX è siècle... Viennent ensuite les amazones, les grues, les horizontales, les agenouillées..." (dictionnaire des mots du sexe. Agnès Pierron. Balland.)

Frontière. Le sexe discount, dans les environs de Perpignan, mais de l'autre côté de la frontière, est une affaire qui marche. La clientèle est essentiellement française.

          la jonquera

"La Jonquera", "Lady Dallas", accueillent des centaines de clients chaque nuit. Les puticlubs hébergent des centaines de filles, originaires de l'Europe de l'Est et d'Amerique Latine. Dans les villages voisins où les camionneurs sont stationnés le week-end, puisque la circulation leur est interdite, la prostitution se développe dans la rue  à grande vitesse. On allait acheter de l'alcool et des cigarettes bon marché. Aujourd'hui il y a une autre raison de vider ses bourses (dictionnaire, etc etc...).

Et la tendresse bordel ??? Sans aucun doute la clé de l'égalité des sexes.

                         casanova affiche 2







                  

 




 


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