CARNAGE
Puisqu'on ne peut pas finir l'année sans faire le point, allez savoir pourquoi, vous allez devoir subir pour la Nième fois un résumé des événements majeurs qui ont marqué l'année 2011. Il faudrait être cryogénisé pour ne pas avoir été enseveli sous l'avalanche des images du monde déversées ad libitum(ou ad nauseam comme vous voulez) par les écrans qui devraient bientôt pouvoir couvrir la surface du globe.
Serions-nous réellement ces acteurs, ces héros ordinaires qui font et défont l'histoire ? Tous un peu indignés, parfumés au jasmin, engloutis par le tsunami ? parfois encore inactifs aujourd'hui (près de 3 millions!), et la-bas radioactifs demain. Ici et là enfin, on montre du doigt les turpitudes du politique, dont la sexualité dépasse les bornes. Il leur a fallu être politiquement corrects. Désormais ils seront sexuellement corrects.
Sortons donc de cette spirale d'informations au raz des paquerettes, et élévons-nous au dessus de la foule en délire qui se roule par terre devant la dépouille de Kim Jong-il, le fantoche Nord-Coréen: Pas un journaliste pour démonter la mascarade, pour insister sur la terreur que doit subir ce peuple pour accepter de jouer cette comédie macabre. On montre les images et on ferme sa gueule.
En ce début d'année, je vous invite donc à ne pas franchir la ligne jaune de la bienséance. Le ton sera volontairement enjoué, voire facétieux, saupoudré d'un soupçon de "Subtil". Subtil for you madam.
Creux
L'engagement culturel universel est bien le reflet du progrès social et de l'amitié entre les peuples. Force est de constater( expression obligatoire dans un article qui se respecte) que le niveau des oeuvres littéraires ou cinématographiques prend chaque année de la hauteur et de la consistance. Les documentaires, en particulier, ont su se tailler la part du lion.
Quelques long-métrages ont tenu le haut du panier(pavé ?), sans compter Potiche (de l'année précédente) adaptation d'une pièce des années 70, avec Jacqueline Maillan. François Ozon est aux manettes, Deneuve remplace Maillan, les costumes et les coiffures sont très réussis, et Maillan était très drôle.
Outre Atlantique les frères Farrelly (mais si.. Mary à tout prix) s'exercent à la comédie dramatique. Le titre en français est pour une fois assez fidèle au propos. Bon à tirer.
Drames de la vie conjugale, avec un Owen Wilson qu'on peut trouver plus inspiré chez Woody Allen. Minuit à Paris fait partie du cru 2011, où la confusion des sentiments côtoie le mystère de la création artistique. Owen Wilson est une fois de plus confronté à un choix difficile.
La sexualité humaine ne serait donc pas exemplaire ? Celle des hommes politiques en particulier. Le traitement
de l'affaire DSK par les médias nous montre à quel point la démocratie a besoin d'un chef auquel chacun peut s'identifier, un modèle de vertu, un chef suprème. On peut massacrer son peuple pourvu
qu'on soit fidèle à sa femme. L'ophtalmo dictateur , au fait, il aurait pas fréquenté le Carlton de Lille, lui aussi ?Comment faire tomber Bachar al Assad ? Sa femme Asma serait-elle
aussi indulgente que Anne Sinclair.
Toute cette stigmatisation des comportements dits "déviant", ces soi-disant addictions au sexe, à l'instar de celles à la drogue, à l'alcool, au jeu.... montrent bien à quel point l'évolution des moeurs n'est qu'une belle formule creuse. Une honte.
Ce lit défait comme nous tous. Où se retrouvent parfois des femmes/enfants/objets. Le contrepoint du rôle joué par Michael Fassbender sous la direction de Steve Mac Queen, c'est la petite bonne femme de Sucker Punch, Emily Browning.
Les vicissitudes du vice font recette sur les écrans et dans la presse. La morale est dans les parages, elle guette, prête à punir. Un lynchage médiatique qui n'est pas sans rappeler la belle époque des exécutions publiques.
Au moins la justice était expéditive, spectaculaire, et sans concessions. Tous les condamnés n'étaient pas coupables, en revanche on leur évitait l'humiliation d'un procès télévisé.
conflit
C'est d'Iran que vint la surprise cet été. Les idées reçues en ont pris pour leur grade. ces gens-là sont
empêtrés dans les mêmes histoires d'amour. On
se sépare, on souffre.
Asghar Farhadi nous mène au coeur de ce divorce, devant le juge. Démêler ce conflit n'est pas une mince affaire. Un enfant en jeu, un grand-père dépendant que le fils ne peut quitter, chacun a ses raisons que la raison ignore.
Leila Hatami obtient pour ce rôle l'Ours d'Argent de Berlin pour son interprétation bouleversante.
On vit, on se déchire, on garde des cicatrices, on perd ses certitudes. On apprend en somme. A vivre. A ne plus faire semblant.
Ces faux-semblants qui pourtant sont la base de nos échanges sociaux. Un jeu dangereux dont les règles s'expriment dans nos frustrations quotidiennes. Polanski en connaît un rayon sur le sujet. Les huis-clos étouffants de Répulsion, à Cul de Sac, jusqu'à Ghost Writer, se retrouvent dans Carnage. Unité de temps, de lieu, font de la pièce de Yasmina Reza le sujet idéal pour Roman Polanski.
Kate Winslet et Christoph Waltz face à J.C Reilly et Jodie Foster , des New-yorkais bien comme il faut, vont passer de la négociation polie à l'empoignade le temps de ce film qui ne dépasse pas les 1heure 20. Waltz est un beauf insupportable, comme d'habitude, en revanche Winslet "casse" son image avec une évidente délectation. On en oublie ses débuts sur le Titanic, même si là encore on est en plein naufrage.
A suivre en 2012, c'est-à-dire maintenant.