LES INVISIBLES
Tour de magie
Ces femmes qu'on ne veut pas voir, le réalisateur Louis-Julien PETIT les fait renaître dans une fiction qui s'apparente plus à la comédie qu'à une dénonciation. L'artifice du cinéma et ses contraintes scénaristiques, s'effacent, réalisant ici un formidable tour de magie. Faire apparaitre un univers qu'on ne fait qu'apercevoir chaque jour : le notre. L'angle choisi est celui des animateurs d'une assosse d'entraide aux femmes de la rue. Audrey Lamy est désarmée de toute sa générosité, Corinne Masiero est loin de son capitaine Marleau, Noémie Lvovsky sublime ses problèmes de couple dans des initiatives maladroites mais productives, tandis que Deborah Lukumuena, la Maimouna de Divines, bouscule tout ce petit monde. Les vraies actrices, c'est toute la réussite du film, sont celles que les aléas de la vie, cet euphémisme ignoble, ont fichu dehors. Faire de leur parcours et surtout de celles qu'elles sont, des personnages à part entière, avec toute l'autodérision qu'elles assument, c'est le pari réussi de Louis Julien Petit.
Discount
Le même réalisateur s'attaquait en 2014 à la grande distribution. Malgré la tentation d'une grande distribution de baffes dans la gueule, cette fois encore, il choisit la fiction. Façon de pénétrer par l'entrée du personnel dans ce monde du travail précaire, où le licenciement est le lot quotidien, une loterie qui ne fait que des perdants. C'est eux qui vont prendre une initiative folle et pleine d'enthousiasme, de solidarité généreuse et d'arnaques désespérées. Dans la belle équipe de ces futurs gilets jaunes, on est en 2014, on retrouve Corinne Masiero. Forcément.
Revoyez ces films, c'est nécessaire et ça fait du bien. Blockbusters du quotidien, ancrés dans la réalité, avec ces héros qu'on n'applaudit plus.