Jauger Joséphine

la démarche hésitante, nous avançons les bras tendus devant nous, malvoyants en équilibre précaire sur un plateau qu'on nous décrit sans rire comme légèrement ascendant, dans le fol espoir de tordre ces exponentielles dont l'érection quotidienne se moque de notre impuissance. 

Ces heures sombres qui s'égrènent depuis un an, au rythme des chiffres comptables des victimes de la COVID, cristallisent nos angoisses sur le côté sombre de la farce médiatique et surtout des réseaux, parait-il, sociaux. 

Puisqu'il faut désormais tout jauger, selon des critères "scientifiques", il serait temps d'ajouter à la liste les commentaires des nombreux infectiologues, urgentistes et autres épidemiologistes, dont les interviewes tronçonnées ne font que noyer le poisson. Mais l'indice d'écoute est à ce prix. Et de quoi se plaignent tous ces soignants ? Tous ces jeunes toubibs qui ne se projettent plus qu'en urgentiste réanimateur, trop la honte la médecine de campagne. Alors il faudrait savoir. Quelle est la bonne mesure pour un service de réa ? vide c'est une gabegie, plein c'est le burn out assuré. A moitié ? La réponse vient des faiseurs de courbe et autres power pointeurs, le chiffre ne concerne pas ces trapezistes sans filet parfois ornés de prestige, c'est selon. Selon le point de vue. Vu du dessous, au fond de ton lit, où tu respires comme un phoque, ta main crispée sur celle qui ne te lâchera pas ou vu du décideur, de l'exécutif, du ministre, du docteur Olivier Veran, neurologue hospitalier, lui qui gère ses plateaux, ses exponentielles depuis qu'il n'a plus de patients.

A vouloir être exhaustif et démonstratif, le discours devient assommant et vain. Heureusement, dans la foulée il y a l'explication de texte . Ouf. Merci BFM

 

C'est pas parce qu'on n'a rien dire qu'on doit fermer sa gueule. Michel Audiard.

Bandes de Jeunes .

Inconscients, c'est ce ce qui revient le plus souvent. Agglutinés en bandes dans des rave-parties, irrespectueux des mesures barrière, toujours à se plaindre que les portions de soupe diminuent même quand c'est quasi gratuit, eux qui passent leur journée (quand ils sont sortis du lit) devant leur écran ne sont pas concernés par la mort des adolescents au cours des bastons punitives.

Il faut bien dire que coincés entre ces clichés, être jeune aujourd'hui ça pourrait donner envie de tout casser... 

L'art de la réplique. Derrière ce que chante le pote Renaud il y a une logique guerrière qui sous-tend les rapports entre le monde des bandes et "les mondes de la virilité", la police et les autres bandes. (Manuel Boucher 2007)

Un p'tit Rocky barjot
Le genre qui s'est gouré d'trottoir
Est v'nu jouer les Marlon Brando
Dans mon saloon
J'ai dit à Bob qu'avait fait tilt
Arrête j'ai peur c'est un blouson noir
J'veux pas d'histoires
Avec ce clown
Derrière ses pauvr' Ray-Ban
J'vois pas ses yeux et ça m'énerve
Si ça s'trouve y m'regarde
Faut qu'il arrête sinon j'le crève
Non mais qu'est ce que c'est qu'ce mec
Qui vient user mon comptoir
L'a qu'à r'tourné chez les Grecs
Se faire voir
Avant qu'il ait bu son viandox
J'l'ai chopé contre l'juke-box
Et j'ui ai dit
Toi tu m'fous les glandes
Pis t'as rien à foutre dans mon monde
Arrache toi d'là t'es pas d'ma bande
Casse toi tu pues
Et marche à l'ombre

Perfecto, peigne et chaines de vélo.. Une violence camouflée vintage

2005, l'année Karcher.

Putain 15 ans. Qu'est-ce qui a changé ? A part le grand défouloir des réseaux, et l'impossibilité d'y trouver l'aiguille qui nous crève les yeux.

                                       Bandes criminelles

En effet, notamment sous l'influence du traitement médiatique des questions de sécurité, quelques idées s'imposent dans l'opinion publique : les violences juvéniles augmentent, les auteurs d'agressions physiques rajeunissent, la justice des mineurs est de plus en plus laxiste, les parents des classes populaires assument de moins en moins leur responsabilité éducative, les capacités d'action sociale dans les quartiers en voie de ghettoïsation se décomposent parallèlement au développement du crime organisé dans ces territoires. Au sein des quartiers populaires, nous assisterions donc à l'émergence massive de "bandes criminelles". Pourtant, au delà des logiques émotives, d'un côté, la description de regroupements juvéniles dans les quartiers populaires, et de l'autre, le développement de peurs vis-à-vis de la jeunesse populaire exprimées actuellement dans les médias sont-ils réellement des faits nouveaux ? Manuel Boucher -Sociologue- 2007

La délinquance juvénile va fournir de nouvelles "courbes", alimenter des statistiques, et appauvrir un peu plus ceux qui se coltinent le réel, sur le terrain, les éducateurs de quartier, les associations, les enseignants, dont on n'écoute plus les conseils, noyés dans le flot des commentaires de la police (débordée ?), et les décisions politiques sur l'augmentation des effectifs et les moyens de maîtriser les réseaux sociaux. A défaut d'investir dans l'humain, quoi qu'il en coûte, Macron endosse le rôle de Manu pour atteindre les "jeunes".  Les youtubeurs McFly et Carlito, ont relevé le défi d'une com sur le coronavirus, 10 millions de vue à la clé au moins, pour redorer le blason d'une jeunesse à la dérive. Pousser la chansonnette, plutôt rigolote avec quelques vannes du quotidien des jeunes.

De quel côté seront les followers ? les 6 millions d'abonnés du duo ? ceux qu'on pense inaccessibles dans une campagne électorale ?

Arrache-toi de là t'es pas de ma bande...

 

 

 

 

 

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