Après Seul sur Mars, dans la série Survival, voici The Revenant, et son triple Oscar. Leonardo DI Caprio en bave pendant 2 heures trente, dans une version romancée d'un épisode de l' Histoire étasunienne. En 1820, plus précisément l'hiver de cette année-là. L'Amérique a enfin obtenu son indépendance, et les indiens perdu la leur. Trafic de peaux avec les trappeurs, batailles, massacres, esclavagisme, le choc des cultures se terminera comme on sait. Ajouter la petite phrase "inspiré par des faits réels" donne un vrai coup de pouce aux images dans le genre flippant. Et on est bien servi de ce côté là, car il n'y a aucun temps mort, mais un mort qui marche, je ne vous apprend rien, a walking dead.
Avant de poursuivre, j'ai trouvé l'anti-Revenant, vous pensez bien, comme un préambule, ou plutôt un avertissement sur la nature hostile.
UNE NATURE HOSTILE donc.
Il y a 200 ans, explorer les terres du nord, devait être une sacré aventure. Sans tour operator
Prenez une petite laine si vous voulez suivre Alejandro G Inarritu, le réalisateur de Babel (avec Brad Pitt) et de Birdman (avec Michael Keaton ex super héros qui se lance dans le théâtre) récompensé par 4 Oscars en 2014.
Personnellement, je m'arrange toujours pour en savoir le moins possible quand je vais voir un film, et c'est loin d'être facile.
On est toujours tenté, quand on est ciné/phile (/maniaque, /vore, /addict...) de faire des comparaisons. Comme la littérature. Qui ne s'inspire pas d'un autre auteur, qu'il soit connu ou pas ? Comment échapper à la mémoire des images ? Notre inconscient recrachant en permanence des extraits de films. Si en plus tu es critique, tu dois citer les références. Je ne vais pas balancer, mais ça me démange.
Plutôt que le trailer, j'ai choisi un petit mix, tout fait par 20th Century Fox, moins révélateur que les bandes annonces d'aujourd'hui , où c'est plus la peine d'aller voir le film.
ÉLÉMENTS
Difficile de ne pas déflorer l'intrigue du film en évoquant le théâtre des événements.
En immersion dans une nature plutôt obscure, crépusculaire ou aux premières lueurs de l'aube, sans éclairage artificiel, le plus souvent au beau milieu de la forêt, Hugh Glass fait le guide d'abord pour s'y cacher, mais aussi pour y être à l'affut.
Une forêt à la végétation raréfiée, c'est l'hiver, mais impénétrable, dégoulinante, moussue, où les proies et les chasseurs cohabitent.
"N'oubliez pas que vous êtes un amalgame nocturne de cavernes, de forêts, de marécages, de fleuves rouges, amalgame peuplé par des bêtes gigantesques et fabuleuses qui s'entredévorent. Il n'y a pas de quoi faire le mariole" dit Heurtebise à Orphée dans le Testament d'Orphée de Jean Cocteau.
A croire que Alejandro Gonzalez Inarritu a fait sienne cette superbe réplique dite par François Périer dans la version de Jean Cocteau du mythe d'Orphée (1950)
En 1820, dans un pays naissant, les principes de la démocratie en germe, les militaires sont encore les seuls remparts à la sauvagerie ambiante. Et la forêt est en dehors des lois, c'est le lieu du retour à la bestialité primale, de l'éclatement des repères de l'esprit humain. Les militaires vivant dans les mêmes conditions doivent, c'est un honneur, faire respecter la loi.
Et la Loi du Talion n'est pas un amendement de la déclaration des droits, de 1791, qui en comprend dix. Pour mémoire, le deuxième autorise le port d'armes. Mais pas de faire justice soi-même.
Hugh Glass va perdre son fils métisse, après avoir perdu sa femme, la mère indienne de l'adolescent qui colle aux talons de son père. L'auteur du meurtre est interprété par Tom Hardy, étoile sur orbite du cinéma américain (Le dernier Mad Max, c'est lui).
La vengeance est un plat qui se mange froid, c'est l'argument du film, et les obstacles pour l'assouvir seront de taille. La route est longue, surtout quand il faut se relever d'entre les morts.
Le feu qui crépite, l'eau qui suinte, la glace qui craque, la pluie qui détrempe l'image, le crissement des pas dans la neige, l'haleine du survivant qui se condense sur l'objectif de la caméra si proche, des éléments quasi subjectifs du ressenti de Hugh Glass, nous font ressentir cette âpre remontée vers l'humanité.
C'est l'odeur de pop-corn dans la salle et les bruits de sachets froissés qui fichent tout en l'air.