TUEURS
Pourquoi tu les as tuées Guy ?
Plus un film retraçant l'enquête qui mena à l'arrestation du tueur de l'Est parisien en 2001, Guy Georges, qu'une réponse à la question qui précède. L'affaire SK1, restitue parfaitement le parcours acharné d'un flic et de son équipe, à une époque qui parait déjà si loin. Et pourtant à peine 20 ans nous séparent de cette histoire, déjà remplacée par d'autres largement aussi sordides.
Qu'est-ce qui nous fascine dans ces tueurs en série, ces disparus, ces enlèvements ? La peur d'être bientôt sur la liste d'un de ces prédateurs ? l'angoisse qu'entretiennent les médias, les courses poursuite en direct, le GIGN, les technologies de communication, les empreintes génétiques, les terroristes aveugles.
Aveugle, c'est bien le problème. Qu'on flingue la population en Afghanistan, en Irak, en Lybie, c'est loin, ils n'ont pas grand-chose à perdre, peut-être même des trucs pas net à se reprocher, là dans la poussière de leur désert, tandis qu'ici dans notre douce démocratie, avec ce que ça nous coute, c'est impensable. Non ? Ils viennent vers nous ? Des migrants ?
Ah non pas des migrants ? Des réfugiés vous dites ? En fuite si je comprends bien. J'ai bien une vanne sur la fuite, mais l'auteur est un has been... bref, ces invités vont venir grandir le camp des suspects, de ceux qui pourraient bien attenter à notre avenir radieux ? Un sujet porteur, on dirait, tout le monde s'en saisit, le fait sien. Copé aussi ? si si .
Good Kill
Tuer à distance, 8 heures par jour, puis rentrer chez soi jouer avec ses enfants et s'occuper du barbecue, c'est le lot des pilotes de drones. Enfermé dans un bungalow climatisé, au beau milieu d'une base aérienne proche de Las Vegas, aux manettes d'un simulateur qui commande à distance un drone qui survole les Talibans, Tommy Egan, ancien pilote de chasse, balance des missiles sur des cibles qu'ont repéré les services de renseignement. Les dommages collatéraux de ces frappes "chirurgicales", femmes et enfants, subissent la même loi (du talion) que les victimes du 11 septembre. Tommy Egan c'est Ethan Hawke, dans un film de Andrew Niccol (2015).
Les frappes de "signature" surenchérissent dans l'horreur : Les 24 heures d'autonomie du drone offrent la possibilité d'un double effet kill good : après le premier missile, on fait le point, on compte les morts, puis comme les musulmans les enterrent avant la fin de la journée, on peut balancer un deuxième missile sur ceux qui assistent à la cérémonie. La signature consistant à montrer qu'on peut être pire qu'un terroriste.
Les futurs pilotes de drone seront des gamers, ces fans de jeux video. Le fait d'avoir l'expérience du terrain, comme les pilotes de chasse, étant un handicap. Ces nouveaux pilotes pourront ainsi conserver leur joystick pour reprendre leur jeu à la maison...
Le film d'Andrew Niccol ( Lord of War, entr'autres), est très habile. La fascination que provoquent les images renvoyées par les puissantes caméras du drone est la résultante de leur qualité ( jusqu'aux sourires visibles sur les visages), du voyeurisme (le drone est à plusieurs miliers de metres) , et de l'attente du tir du pilote (décalage de 10 secondes entre l'impulsion et l'explosion)
Tuer n'est pas jouer. L'auteur choisit de ne pas prendre parti, seulement de montrer. Un des personnages dit tout de même que chaque victime du drone déclenche la naissance d'un nouveau terroriste.
C'est édifiant. A l'heure où la question de la guerre sur le terrain contre l'Etat Islamique se pose comme la seule réponse efficace.
Good Kill.